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Entre 1978 et 1980, les Asociaux Associés, emmenés par Philippe Doray (Rotomagus, Ruth, Crash), enregistrent le second des deux albums qui paraîtront sous leur nom : Nouveaux Modes Industriels. Avec des associés plus nombreux et plus iconoclastes encore, Doray rehausse sa poésie angoissée de krautrock customisé, de pop hallucinée et de rock Suicide. Bien plus que le témoignage d’un surprenant (et anxieux) Swinging Rouen, ce disque est une embuscade intergalactique.
Après la publication, en 1977 sur le label Gratte-Ciel, de Ramasse-Miettes Nucléaires, le premier des deux albums sortis sous son nom, Philippe Doray n’a pas tardé à signer de nouvelles chansons obscures et expérimentales. La preuve : entre mai 1978 et janvier 1980, avec ses Asociaux Associés, il en enregistre une dizaine dans la ferme qu’il habite (et partage) aux environs de Rouen.
En 1980, Nouveaux Modes Industriels sort grâce au soutien d’Invisible, le label de la Société Coopérative d’Ouvriers Producteurs Artistiques (S.C.O.P.A.) dont s’occupe, entre autres, l’ex-manager de Crium Delirium : Jacques Pasquier. C’est dire que Doray eut les coudées franches pour faire entendre sa poésie électrique, son delirium à lui : hier déjà, il bouleversait la chanson française à coups de pop, de krautrock et de free jazz ; quelques mois plus tard, il opère une mue qui annonce ses projets à venir.
Avant de collaborer avec Thierry Müller sous les noms de Ruth et de Crash, Doray jette donc une dernière fois avec ses Asociaux Associés sa poésie angoissée « au visage » des labyrinthes urbains, du plastique, du nucléaire… Et si la pochette de l’album évoque celles d’Urban Sax, ce n’est sans doute pas une coïncidence : l’heure est à l’angoisse créatrice de beauté. Celle de Doray a, en plus, le charme de savoir encore chanter.
Sans jamais trahir son intérêt pour la danse, le musicien fait alors bouger Cluster sur un boogaloo, fomente un Suicide à la guimbarde synthétique ou invente la musique d’ameublement pour barres d’immeuble… Le tout dans un gran bordello qui profite à ses Nouveaux Modes Industriels. Et si le dernier morceau de l’album préfère prévenir « Pas de service après-vente », c’est tout simplement qu’il n’y en avait pas besoin.