et-loader
Return to previous page

“Quand le deuxième album de Nu Creative Methods sort, New And Rediscovered Musical Instruments de Max Eastley et David Toop est déjà dans les bacs depuis quasiment trois ans. Sans forcément parler d’influence explicite en temps réel, la direction empruntée par les deux Britanniques et le duo français est cependant la même, qui combine esprit recherche et tradition en quête d’un folklore imaginaire nouveau.
Le patronyme même de la formation n’est pas anodin, qui fournit des indications en la plaçant sous le double patronage du morceau « Nu Creative Love » de Don Cherry (extrait de Symphony For Improvisers) et du livre My Creative Method de Francis Ponge. Car le premier trace la voie d’un free jazz dont les frontières n’auront de cesse d’être abolies et qu’empruntent à leur manière Pierre Bastien et Bernard Pruvost. Tandis que le second, cet anarchiste fabriquant une bombe dont la poudre serait l’irrationnel, offrirait presque une méthode intellectuelle. Presque, tant celle-ci s’avère elle-même dynamitée par d’autres pistes revendiquées par Nu Creative Methods comme essentielles. Par exemple l’Oulipo, encourageant la création tous azimuts ; ou bien encore la pataphysique, selon laquelle la moindre casserole de cuisine équivaut La Joconde ! D’ailleurs, afin de s’approcher au mieux de leur imaginaire, il faudrait ajouter Locus Solus de Raymond Roussel, l’Art Ensemble of Chicago, Harry Partch, New Phonic Art et « Zwei Mann Orchester » de Maurizio Kagel. Voilà grosso modo les rouages de la création selon Nu Creative Methods dont Nu Jungle Dances donne à goûter les cheminements hasardeux, au fil d’improvisations nées d’instruments en provenance des cinq continents.
En procédant de la sorte, c’est-à-dire en s’inscrivant dans un espace esthétique où musiques savantes et populaires s’accouplent enfin, on élargit la palette sonore à l’infini, on ouvre des perspectives merveilleuses. Entre free jazz et musique ancestrale, Nu Jungle Dances y parvient sans afféterie. Avec une prodigalité rare et lumineuse. Avec la volonté qu’advienne des surprises inouïes. Avec un charme naturel militant pour une certaine conscience artisanale de la fabrication du son.” (Souffle Continu)