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Contrée (2013), 20’
Allégeance volatile (2002), 8’46″
Esquive (2010), 10’10″

Allégeance volatile et Esquive abordent chacune la question à sa façon. Il s’agit de venir à bout du temps : le successif, l’additionnel, l’énumératif, le répétitif. Rien ici cependant du caractère ensuqué de la musique dite « répétitive ». Ce sont des musiques sur pointes. Et c’est d’une insistance plutôt qu’il s’agit, d’une obstination — celle de celui qui frappe toujours et encore à la porte qui refuse de s’ouvrir.
Le tambourinage rustique d’Allégeance, volubile, acidulé, coloré et sur-articulé, aux désinences quasi clownesques, finalement s’épuise et trouve sa fin en ce repos. Le moirage itératif et feuilleté d’Esquive, aux sonorités mates, grêles et précises, lui, bascule et s’absorbe en un autre monde sonore — qui apparaît comme une réponse béante et effondrée à cette insistance première.
Allégeance volatile et esquive du sonore au musical : le phénomène musical pressenti et poursuivi comme le non-son du son — ou, si l’on préfère, comme le rien du son. Telle est, semble-t-il, la leçon de l’attitude concrète en musique. Tel est le genre de questionnement qui agite le compositeur.
Il revient sous cet autre titre : Contrée, qui, à nouveau, parle d’une contre-venue. Ici, le mouvement se fait plus ample, plus généreux, plus confiant. Le temps s’étale et s’étire. Apparaît une façon de paysage d’entrelacs, de trajectoires, d’afflux, de massifs et de points. « Quelque chose » se lève et s’offre à partir des sonorités — ces êtres de fuite, ces « flammes de combustion plus ou moins brèves » (Schaeffer).
La pièce est constituée de cinq parties enchaînées sans interruptions : Entrée et Stance I — Véhémence de l’air et Stance II — Grande Allure. Elle constitue le volet central d’un triptyque électroacoustique dont Sables (2011) est le premier, et Nil (2017) le dernier.
Contrée est dédiée à Philippe Mion, aux oreilles amicales duquel, et depuis tant d’années, sont confiées mes musiques.