et-loader
Return to previous page

La citerne de Coulanges ou un Sodorome volume 2 !!! La suite des aventures sonores de Monsieur Jean-Marie Massou. La beauté à l’état brut, à l’état pur ! Et encore une fois disque rare et hautement recommandé !

La citerne de coulanges, second volume des «sodorome» de Jean-Marie Massou.
À la fin des années 70, Jean-Marie Massou, jeune adulte, quitte la Seine-et-Marne où il accompagnait sa mère de poste en poste pour la suivre en terre familiale, Le Lot. Il s’arrêtera un temps à Coulanges, où, dans une citerne géante, il enregistrera sur magnéto cassettes quelques complaintes, des chants traditionnels ou populaires et ses premiers messages à l’humanité. Près de quarante ans plus tard, Jean-Marie offre ici à entendre une des cassettes qu’il a gardé de cette période.
« La citerne de Coulanges » est le second volume de la série des Sodorome, l’édition des enregistrements sonores de Jean-Marie Massou, artiste complet s’il en est, qui, isolé en pleine forêt Bourriane produit depuis plusieurs décennies une œuvre-monde sidérale et sidérante. Des centaines de cassettes enregistrées, des milliers de pierres gravées, des tonnes de gravats déplacés pour creuser des kilomètres de galeries souterraines, comme traces de sa mission universelle.

Avec “Sodorome”, c’est sa voix que l’on cherche à faire entendre, sa voix et sa musicalité. Parce que Massou n’est pas simplement étrange, il est surtout impliqué comme peu s’y autorise dans la création, et ses enregistrements prennent aujourd’hui la grande majorité de son temps, il utilise plusieurs magnétophones pour créer des boucles ou des habillages sonores, réenregistre le son plusieurs fois pour créer l’effet voulu, etc. Il y inscrit des bribes de sa vie, il y invente des histoires, y joue des sketchs, ou garde en mémoire les rêves prémonitoires de la nuit passée. Ce qui sidère c’est que Massou s’adresse à un auditeur potentiel, à une oreille lointaine, nous ne sommes donc que des intermédiaires. On pense donc à ce que disait Dubuffet, « De l’art où se manifeste la seule fonction de l’invention, et non, celles, constantes dans l’art culturel, du caméléon et du singe ».
Même s’il accepte, quand on le rencontre, de jouer le jeu du chanteur de charme, donnant de la voix, a capela au-dessus de la citerne qui prend l’eau derrière la maison. Et là, on touche à l’os du sensible, celui qui soutient les chants populaires comme les choeurs antiques ou religieux, ces airs qui traversent l’histoire et l’humanité dans son entier. On ne peut pas être indemne de la musique de nos jours, et on capte la radio même au fond de la forêt, alors Massou fait aussi avec l’ère du temps, il bricole avec les outils contemporains, la radio qu’il enregistre, les cassettes comme support de montage et comme outil de diffusion, les dvd pour en extraire les bandes-sons etc. On s’approche franchement d’une musique concrète lo-fi ou de collages expérimentaux. C’est peut-être ça les pratiques brutes de la musique, cette façon d’approcher les mêmes préoccupations mais par des voies tout ce qu’il y a de plus personnelles.