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Concret PH (1958)
Bruxelles, 1958 : Exposition Universelle. L’industriel Philips commande à Le Corbusier le célèbre « Pavillon Philips » : « je vous ferai un poème électronique, déclara-t-il. Tout se passera à l’intérieur : son, lumière, couleur, rythme ». C’est Iannis Xenakis qui réalise le schéma architectural et compose « Concret PH », qui devait préparer psychologiquement le public au spectacle élaboré à l’intérieur, accompagné d’une musique de Varèse.
Les 400 haut-parleurs qui tapissaient la coque devaient remplir l’espace par la scintillation sonore de « Concret PH », réaliser une émanation commune de l’architecture et de la musique, conçues comme un tout : la rugosité du béton et son coefficient de frottement interne trouvaient comme un écho dans le timbre des scintillations.

Orient-Occident (1960)
L’œuvre fut à l’origine composée pour un film d’ Enrico Fulchignoni pour l’UNESCO. Le film décrit une visite du musée invitant à la comparaison d’objets d’art produits par diverses cultures et mettant en évidence leur interaction depuis la plus lointaine antiquité.
D’un point de vue abstrait, le compositeur considère cette œuvre comme une solution au problème de la recherche de moyens de transition fortement diversifiés, destinés à relier un type de matériau à un autre. On assiste en effet à une gradation variée des mutations, entrecroisements, superpositions, cross-fading, déplacements soudains, points de jonction dissimulés.

Diamorphoses (1957-58)
Continuité et discontinuité dans l’évolution, voilà deux aspects de l’être, en opposition ou en communion. Dans les « Diamorphoses », cette antithèse, a été travaillée dans les passages de certaines sonorités à d’autres très opposées, mais tout spécialement dans des organisations de variations continues des hauteurs moyennes ou « statistiques ».

Bohor (1962)
Bohor ou Bohort l’Exilé, cousin de Lancelot du Lac, appartient au cycle médiéval du roi Arthur et des Chevaliers de la Table Ronde. « Bohor » est dédié à Pierre Schaeffer. C’est volontairement que l’auteur n’a donné aucune indication descriptive à propos de son œuvre, laissant à l’auditeur le soin d’y choisir lui-même un itinéraire imaginaire Pour cette édition, nous avons choisi la version révisée en 1968 par Iannis Xenakis lui-même, version à ce jour inédite.

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Bien que Iannis Xenakis n’ait jamais fait de la ‘musique concrète” dans le sens où Pierre Schaeffer l’entendait, le GRM a été le lieu d’expérimentation pour sa pensée sur le son et les structures sonores. Les œuvres composées entre 1958 et 1962, font preuve d’une audace tout aussi avancée que son approche orchestrale.
Les relations entre Schaeffer et Xenakis ont été tendues plus d’une fois, mais avec une reconnaissance réciproque et un respect vis à vis de l’approche musicale de l’ailleurs, « Bohor » lui est dédiée, comme en témoigne la lettre envoyée par Xenakis le 8 octobre 1968 : « Cher Pierre, j’ai décidé de te dédier Bohor par amitié et par reconnaissance pour ton apport à la musique. Je souhaite que ceci te fasse plaisir ». Schaeffer trouvait l’œuvre démesurée en termes d’intensité, mais il a apprécié la dédicace.
Les quatre œuvres proposées ici, toutes réalisées au GRM, témoigneront, à n’en pas douter, de la volonté expérimentale et du caractère proprement « physique » de la musique de Xenakis, en tant qu’elle offre à l’auditeur une expérience d’écoute d’une rare intensité.

(François Bonnet & Christian Zanési)