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Pièces pour ondes martenot et bande. DVD audio DVD vidéo. DVD rom.
“L’œuvre musicale de Gilles Gobeil s’est caractérisée jusqu’à maintenant par une esthétique de la rupture où de grands gestes musicaux s’élaborent jusqu’à leur acmé pour se fracasser aussitôt dans le silence. Il s’agit d’une façon musicale d’être, de respirer, une marque naturelle, un style, reconnaissable entre tous et par conséquent, beaucoup plus qu’une manière. À ce titre la Trilogie d’ondes porte la marque de l’enracinement profond de cet état de fait dans la pensée musicale du compositeur. Le timbre électronique et la résonance acoustique des ondes Martenot épousent parfaitement le matériau sonore de la bande électroacoustique et en font donc une œuvre mixte complexe et riche. Par moments le son se confond presque à celui de la bande, mais ailleurs les ondes se démarquent de la masse sonore soit par l’expressivité de certaines interventions mélodiques, soit par le contraste entre l’immatérialité du timbre et la complexité colorée des matériaux de la bande. Ici, Gilles Gobeil a choisi le plus souvent de faire appel à la justesse expressive de l’interprète plutôt qu’à sa seule virtuosité. Parmi les différentes interventions des ondes, deux thèmes se détachent et sous-tendent toute la structure; le «thème de l’arrachement» toujours très imbriqué à la bande et matérialisé par un long glissando ascendant et le “thème cellule” – ou “thème de l’âme” -, cellule de quatre notes voisines et détempérées les unes par rapport aux autres.
“Voix blanche” (1988-89)
Dès le début du mouvement, on reconnaît le thème de l’arrachement avec sa lente montée dramatique. Vers le milieu émerge le thème de l’âme très legato. Après son long déroulement, il se présentera d’une façon plus épelée que linéaire, forme qui deviendra définitive pour les deux autres volets de la trilogie. Porté par une fine poésie, c’est le mouvement le plus lyrique du cycle.
“Là où vont les nuages…” (1990-91)
Dans ce mouvement, on utilise une technique différente. Les ondes agissent presque toujours comme déclencheurs d’éléments sonores préenregistrés qui se juxtaposent au jeu de l’ondiste. À travers les diverses interventions des ondes, les deux thèmes précités se retrouvent ainsi transformés et alors plus évocateurs du voyage. C’est un mouvement empreint de vitalité, ludique, où les masses sonores se construisent et se déconstruisent quelquefois d’une façon vertigineuse.
“La perle et l’oubli” (1999-2002)
Inspirée d’un texte initiatique apocryphe du deuxième siècle, cette pièce est composée de douze séquences dont six sont presque autant de variations sur la cellule «thème de l’âme» aux ondes. Dans ce mouvement les ondes personnifient l’âme dans son périple d’incarnation. La coda finale ramène les deux thèmes de l’arrachement et de l’âme. Celui-ci, une dernière fois modifié, clôt l’œuvre dans le grave; sa quatrième note absente semble alors rayonner dans la sombre aura de la dernière note jouée.” Suzanne Binet-Audet, iii-2005