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“Il est 19h30 au Louvre le 6 mars 2001. Charlemagne Palestine descend les marches du grand auditorium avec sa valise en toile rouge. Il porte un grand chapeau Weston, plusieurs écharpes bariolées, un pantalon orange et des chaussures rouges. Il pose sa valise devant le majestueux piano Bösendorfer et en sort une grenouille, un petit singe, un ours, un perroquet… quelques peluches rescapées des poubelles de l’histoire. Charlemagne débute son concert devant une salle pleine. Il ne faut pas plus de cinq minutes de Strumming Music pour qu’un spectateur se lève et crie au scandale. Le concert s’interrompt, Charlemagne lui suggère de quitter la salle. Après un échange musclé, l’homme à lunettes se rassoit. A la fin du concert, je revois la même personne félicitant Charlemagne de sa performance. Que s’est-il passé ?  Qu’est-ce qu’il lui a fait changer d’avis : l’origine ukrainienne de l’artiste, son appartenance à l’avant-garde new-yorkaise au début des années 70 (Tony Conrad, La Monte Young, John Cale, Taylor Mead, Terry Riley…), son expérimentation électro-acoustique à Los Angeles (Morton Subotnick, Ingram Marshall), son art vidéo (Nam June Paik), ses accointances avec le cinéma expérimental (Stan Brakkage) ou son exil vers l’Europe. Le film vient de commencer…”
Sous la forme d’une confession intime et sur fond d’archives d’époque (vidéos,  photos et musiques inédites), Charlemagne nous livre sa quête de “l’or sonore”.
“C’est à  Bruxelles, où Charlemagne vit  depuis une dizaine d’années, qu’Anne Maregiano est allée le filmer, dans sa cuisine et  au milieu de ses animaux en peluche qui ne le quittent jamais, surtout pas quand il va jouer. Sans jamais l’interroger, sans chercher à le « cerner », la réalisatrice le laisse tout simplement se raconter en voix off. Elle le suit dans ses déambulations dans la ville, à son studio d’enregistrement, dans ses emplettes (une tête de bison naturalisé) et illustre ses propos par un riche matériau de photos et d’enregistrements vidéo. En de longues séquences, où la voix du « sujet » n’est jamais envahissante, elle évoque l’enfant d’émigrés juifs russes new-yorkais qui se met au chant pour se délivrer de son bégaiement, ses années de chorale religieuse (“dans toutes mes choses, il y a une aura de lamentation juive”), puis son apprentissage comme carillonneur après son admission dans un conservatoire de musique. Quasimodo en pays protestant, il attire l’attention du cinéaste  underground Tony Conrad qui l’introduit dans la bohème new-yorkaise des années 70. Par petites touches, avec légèreté et avec un sens très sûr de la bonne distance, Anne Maregiano  trace le portrait d’un musicien qui vaut, à coup sûr, le déplacement…” par Nicole Gabriel pour Collection Jeune Cinéma (N°347/348).
Durée du film : 70  min – 2010. Version anglaise sous- titrée français. Compléments de programme : “La valise rouge”, de Anne Maregiano. “Body Music”, de Charlemagne Palestine (1975). “Charlemagne 2 : Piltzer”, de Pip Chodorov (2002). Enregistrement sonore, March 7, 1975 de Charlemagne Palestine. Livret (44 pages). Textes écrits par Ingram Marshall, Roland Spekle, Pip Chodorov et Anne Maregiano. Photos de : Kathleen Agnoli, Elaine Hartnett, James Lapine, Charlemagne Palestine.